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Cyril Jacquot

Mon histoire - un parcours atypique qui m'a fait passer des maux au Meaux sans perdre le plaisir récréatif du bruit des mots

Je le connais ce fromage...je le connais, il retient ma passion. Il me donne l'envie d'émerveiller vos papilles et de vous faire voyager. Aussi loin que je m'en souvienne, et bien plus encore, je conserve la vision de ma maman m'offrant en guise de présent un tout petit bout de fromage. Ce souvenir est resté intact dans ma mémoire et je me vois encore palper de mes tous petits doigts boudinés cette friandise d'enfance qui troublait mes papilles par ses effluves odorantes, chaleureuses, presque animales, reconnaissables parmi tant d'autres. J'ai conservé en bouche le goût  puissant, franc dévoilant des notes boisées, de graines sèches, avec un fort bouquet fermier.  Ma Madeleine de Proust, un Géromé fermier, épais, à la pâte souple et à la croûte collante orangée, une onctuosité enveloppante, presque maternante, autour d'un cœur dense, presque friable. Je le connais ce fromage et je me souviens tout le plaisir qu'il me procurait. C'était non seulement la sensualité gustative mais aussi la satisfaction de partager un moment délicieux avec ma maman. Je m'imaginais alors éleveur de chèvres dans l'arrière-pays varois ou chasseur d’œufs de dinosaures dans le jardin de ma grand-mère. Tout cela n'était que distraction, émerveillement devant la beauté de la nature et de ce qu'elle a à nous offrir. 

 

Quelques années plus tard, le temps fut venu de faire un choix de parcours professionnel et de quitter le monde imaginaire de l'enfance. Ne sachant pas quelle voie choisir parmi l'univers des possibles, les professionnels de l'orientation me conseillèrent d'entreprendre des études supérieures pour soi[t]-disant "être plus heureux". Quelle étrange vision du bonheur par la réussite sociale ? Philanthrope par nature et curieux par essence, j'entrepris des études supérieures en psychologie avec pour espoir, celui de soulager mes patients de leur détresse. Je m'épanouissais dans mes études car un monde nouveau s'ouvrait à moi : je pensais saisir les confins de la psyché humaine et pouvoir anticiper les comportements de mes interlocuteurs. Vaste illusion d'un étudiant en psychologie ! 

 

Pendant ce temps, pour payer mes études, j'occupais un poste d'hôte de caisse en grande surface le week-end. Je m'y sentais bien car j'envisageais mon environnement de travail comme une scène de théâtre où je pouvais, le temps d'un encaissement, ré-enchanter mes clients. Cinq années plus tard, avec deux Master en psychologie en poche, l'un en Psychologie sociale de la santé, l'autre en Psychologie interculturelle, je fis le choix d'exercer auprès des mineurs isolés étrangers. Poste exigeant et laborieux pour un jeune diplômé, sans expérience. Ainsi, sans démo, je me suis peu à peu perdu dans la nébuleuse des mots et des maux au point de faire, très rapidement, un syndrome d'épuisement professionnel.  Il me fallait très rapidement rebondir car il m'était inenvisageable déontologiquement de poursuivre dans cette voie professionnelle, source de souffrance et de négligence à l'égard de mes jeunes patients. 

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Je me souvins alors de ce plaisir intense ressenti quelques années plus tôt : celui de servir et de ré-enchanter les clients. J'entrepris alors un bilan de compétences professionnelles. Une orientation émergea, celle de concilier le métier de "marchand" avec l'amour de deux produits, l'un surgissant de l'enfance, le fromage, l'autre jaillissant de ma vie d'adule, la bière. Vous noterez l'emploi de l'étiquette professionnelle de "marchand" préféré à celui de "commerçant", puisque le marchand place sa fonction de lien entre un producteur et un client au cœur du métier. Ses outils sont : la magie de ses récits, le charme de ses paroles, ses capacités constantes d'adaptation aux envies du client et son sourcing. 

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Comme vous pouvez le lire, mon parcours professionnel est jalonné d'obstacles, de virages à angle droit, mais c'est bien la rencontre d'hommes et de femmes solaires, à l'énergie radiante, qui m'a permis de reprendre le chemin de l'école et de valider un Contrat de Qualification Professionnelle à la SEPR de Lyon. Sans ces hommes et femmes tout cela n'aurait pas pu être possible. C'est pourquoi, en signe de reconnaissance, je me donne pour mission de transmettre ma passion à travers ce blog afin de, peut-être, faire émerger des vocations ou du moins faire vibrer les gens et côtoyer leurs récits de vie par l'intermédiaire d'un produit qui ne laisse personne indifférent. 

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Le fromage a pour vertu d'éveiller chez chacun d'entre nous un instant de vie. Parfois, avec du recul, je me dis en parcourant le mien que les rencontres ne sont peut-être pas arbitraires. Comme dit la chanson "il n'y a pas de rencontre, il n'y a que des rendez-vous". En effet, après avoir approché les confins de la psyché humaine, avoir étudié la temporalité, le fromage fut mon refuge et m'a permis revenir à la matière brute, les deux pieds sur terre, bien enracinés dans mon histoire personnelle, ce fut en quelque sorte ma terre'happy et j'aimerais pouvoir vous en faire profiter. 

Passeur d'histoires, créateur de volupté et ambassadeur de traditions

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