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Conte d’un Salers-rié agricole

Il était une fois dans un petit village nommé Salers, situé au cœur d'une vallée verdoyante, un Salers-rié agricole nommé Pierre. Il travaillait dur pour gagner un trognon de pain. Quelques années auparavant, Pierre avait passé un contrat avec une grosse laiterie qui lui avait permis d’acheter son tracteur vert et noir, une trayeuse automatisée et d’aménager son quai de traite. À l’époque où il avait signé ce pacte avec le fripon le court du lait était juste mais il ne se doutait pas que la mondialisation allait tirer le prix du lait vers le bas. À vrai dire, Pierre, l’ingénu, accordait facilement sa confiance et ne lisait pas les petites lignes en bas du contrat précisant son engagement imprescriptible sans le paiement de fortes pénalités. Même s’il n’appréciait pas ce dénouement, il devait s’y résoudre car il était pris pieds et mains liés par ce foutu contrat qu’il avait signé. Mais ce qui l’énervait le plus c’était que le fruit de son dur labeur n’était pas apprécié à sa juste valeur. Le lait de ses vaches était prélevé par un chauffeur-ramasseur le matin après la traite, mélangé à des laits d’autres producteurs comme lui sous perfusion d’aide de la PAC, pasteurisé et transformé en fromages servis dans les supermarchés de la région par des vendeurs ignorants et désinvestis ou pire vendus sous film plastique dans des rayons de libre-service.


Mais, chaque jour, Pierre continuait de se lever très tôt pour traire ses vaches laitières, fabriquer du fromage pour sa consommation personnelle en période de vache maigre, soigner ses animaux avec beaucoup de soins, faire le tour de son champs pour vérifier que le bornage est bien en place puis contrôler que les blocs de sel et bacs d’eau sont remplis, travailler la terre pour que ses vaches laitières aient une herbe de qualité et les traire de nouveau à 17h avant de rejoindre enfin son salon et faire un peu d’administratif. Son travail était  méticuleux car il aimait ses animaux, ses vaches à lait. Mais parfois, Pierre avait le sentiment d’être comme eux une vache à …


Malgré son dévouement, Pierre se demandait parfois si son Salers était à la hauteur de ses efforts. Il répétait souvent la phrase « tout travail mérite Salers » pour se rappeler que sa contribution valait la peine. Or, à 420€ / 1000 litres, il ne faisait pas son beurre. Son exploitation n’était pas rentable. Il ne pouvait même pas se verser un Salers, encore moins prendre un Salers-rié pour l’aider dans cette besogne ; cela signifiait pas de week-end, encore moins des vacances. Pierre se posait beaucoup de questions sur l’avenir de son exploitation.


Un jour, un marchand de la ville voisine visita sa fromagerie. Impressionné par la qualité des produits de Pierre, son dévouement et ses efforts pour fabriquer encore des fromages dans une gerle en bois avec fréniale, atrasadou et catchaïre malgré les contraintes sanitaires, il décida de les acheter en gros pour les revendre dans sa fromagerie traditionnelle. Grâce à cette nouvelle collaboration, les affaires prospérèrent et son travail fut valorisé et reconnu. Bientôt, les fromages de Pierre était servi sur de grandes tables de la région.


Le Salers de Pierre augmenta bientôt, lui permettant d'améliorer sa vie, de renoncer au contrat maléfique, d’engager un Salers-rié pour le remplacer sur de courtes périodes et de prendre soin de sa famille. Il était reconnaissant pour cette opportunité et se souvenait toujours que tout travail était dûment récompensé.


Ainsi, Pierre continua de travailler avec passion et détermination, irradiant la réputation de sa fromagerie de Salers bien au-delà des frontières du village. Et chaque fois qu'il entendait la phrase « tout travail mérite Salers », il se rappelait que ses efforts avaient été récompensés au-delà de ses attentes à condition de s’adresser aux bonnes personnes.


Cette histoire conte une chose primordiale : c’est par la collaboration et la solidarité, dans une relation gagnant-gagnant, que le fruit du travail de nos agriculteurs, éleveurs et producteurs laitiers seront reconnus et valorisés auprès des crémiers. Ne nous divisons pas, nous sommes les maillons d’une même chaîne de solidarité.


Conte imaginaire. Toute ressemblance avec des faits d’actualité est entièrement fortuite

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