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La reine des prés

La Prim'Holstein est surnommée dans vos prés « Marguerite » de part la couleur de sa robe pie (tachetée) noir et blanc devenant l'archétype de la vache laitière, voire plus globalement de la vache.

Originaire des régions septentrionales de l'Europe, dans un triangle compris entre la province de Frise aux Pays-Bas, le Jürland danois et le fief de Holstein en Allemagne, la Prim'Hosltein fut sélectionnée génétiquement par croisement de Pie Noire de Frise ou Frissonnes originaires des Pays-Bas avec des taureaux Holstein américains. D'abord nommée Française Frisonne Pie-Noir, elle portera son nom définitif en 1990, en hommage aux semences paternelles. Elle sera qualifiée par les éleveurs bovins de « pisseuse de lait » car la Prim'Holstein devint rapidement la reine des vaches laitières en quantité de lait produit durant un cycle de lactation. Pour vous donner un ordre d’idée, la Prim’Holstein produit en moyenne 94 101kg de lait sur 352 jours de lactation. Ce n’est qu’une moyenne car certaines championnes en productivité peuvent produire davantage de lait. 


En sortie de Seconde Guerre mondiale, la Prim'Holstein devint très vite prédominante sur l’hexagone, supplantant des races mythiques, à cause d’une conjonction de facteurs voulus politiquement pour renforcer la « conversion alimentaire » : l’hyperspécialisation des élevages pour « nourrir » la France, la recherche des meilleurs rendements laitiers à moindre coût et la quête d’homogénéisation des qualités laitières durant tout un cycle de lactation.


Il faut dire que la Prim’Holstein avait de quoi séduire les éleveurs : la transformation exceptionnelle de tout ce qu’elle mange en graisse, des performances laitières uniques, une durée de lactation longue, des facilités de traite, une longévité importante, une très forte résistance aux maladies, une fertilité considérable, des facilités de vêlage, une mortalité post-partum des veaux faible et une mixité de production lait-viande possible. La conjonction d’une demande avec une offre hollandaise et américaine explique son incroyable popularité ; à son apogée, 80% du lait collecté en France destiné au lait de boisson, à la transformation crémière et à la transformation fromagère, conventionnel et biologique, provenait de Prim'Holstein. De la Bretagne au Sud-Est, la mode n’était plus aux rousses, aux blondes mais aux vaches blanches aux larges taches noires. Aujourd'hui, la Prim'Holstein est principalement présente en Bretagne, Pays de la Loire, Normandie, Hauts-de-France, Grand-Est, Auvergne (Aveyron compris). Son lait est autorisé dans les AOP fromagères suivantes : Bleu des Causses, Cantal, Salers, Saint-Nectaire, Bleu d'Auvergne, Brie de Meaux, Brie de Melun, Chaource, Maroilles, Munster-Géromé, Fourme de Montbrison, Fourme d'Ambert.

Toutefois, chez les crémiers-fromagers, la Prim’Holstein ne jouit pas d'une belle réputation qui lui préfèrent la Normande, la Montbéliarde ou l'Abondance, plus authentiques et plus rustiques. Cette mésestime se cristallise à travers des discours autour du lait jugé peu qualitatif (peu protéique, peu gras) des Prim’Holstein en élevage intensif. Ce préjugé est soutenu par des recherches évoquant des problèmes de consanguinité et de maladies génétiques au sein de la race aux Etats-Unis (recherches des frères Hansen). Ces préjugés desservent aujourd’hui une race dans son ensemble. Toutefois, cette mésestime ne pourrait-elle pas se transposer vers une réflexion autour des problèmes liés à l’eugénisme, à la standardisation des races et des pratiques, à l’élevage intensif. En effet, une Prim’Holstein conduite dans un élevage extensif ou semi-intensif avec une démarche raisonnée donne un lait aussi qualitatif que ses consœurs mais en quantité modéré. Ainsi, pour éviter toute stigmatisation d’éleveurs, au-delà de choisir un fournisseur sur la base d’une race, choisissons la diversité au discours réducteurs anti-conformistes (qui sont déjà une forme de conformisme).

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