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Les vaches ne sont pas des boucs...émissaires

Depuis quelques jours, après la publication d’un rapport de la Cour des comptes, fleurissent de nombreux articles de journaux sur les médias traditionnels portant sur la bonne « conscience » écologique autour de la consommation de viande et de fromage. Ces articles utilisent des techniques rédactionnelles faisant appels à la culpabilité et/ou à la peur pour recycler les thèses écologiques voire véganes. Selon ces thèses, l’Homme doit se détourner de la nourriture carnée ou laitière à l’horizon de la fin du siècle car :


  • Le sol serait mieux exploité à travers la culture végétale que pour l’élevage : les régimes végétariens seraient soi-disant bénéfiques pour les terres qui seraient exploitées avec plus d’efficience

L’élevage occupe des espaces non exploitables pour la culture végétale de masse du fait des contraintes géographiques, topographiques, géologiques, pédologiques, hydrologiques, climatiques. De plus, des études menées par l’Inrae démontrent que les prairies sur lesquelles les ruminants paissent seraient plus riches en biomasse et en biodiversité microbiennes comparativement aux sols de culture. La culture maraîchère vient donc appauvrir les sols. Cette biomasse et biodiversité microbienne serait même bénéfique écologiquement parlant puis ces sols stockeraient plus de carbone, seraient 20 fois moins sensibles à l’érosion et filtreraient mieux les eaux. Ainsi mettre dos à dos agriculture et élevage serait une ineptie


  • L’élevage serait une source majeure de pollution à travers le rejet de gaz à effet de serre (méthane, CO2) : l’élevage, à travers le pet des ruminants, le lisier, rejetterait plus de gaz à effet de serre (14,5%) que le secteur des transports (14%).

Ces deux pourcentages sont issus de 2 études distinctes qui utilisent des méthodologies d’inclusion des variables, de calculs et d’analyse distincts. Le calcul pour l’élevage émane de l’Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture et inclut le cycle de vie intégral des exploitations agricoles tandis que le calcul pour les transports émane du GIEC et n’intègre que les émissions de gaz à effet de serre des voitures réellement en circulation sans y intégrer le cycle de vie intégral des voitures (fabrication des composants, assemblage, transport vers les lieux d’achat, réparations, destruction, etc.). Au final, nous comparons deux données incomparables. Ensuite, la Cour des comptes dans son rapport du 22/05/23 intitulé « Observations définitives sur les soutiens publics aux éleveurs bovins sur la période 2015-2022 » ne recommande pas de stratégie de réduction du nombre de bovins en France mais l’encouragement et l’accompagnement des éleveurs vers des stratégies alimentaires de leur cheptel vers des aliments moins émetteurs de gaz à effet de serre.


  • Hautement consommatrice de ressources alimentaires humaines : il est courant de lire que les ruminants consommeraient les céréales destinés à l’alimentation humaine. Ainsi, supprimer radicalement l’élevage réduirait le « gaspillage alimentaire » et la compétition avec l’alimentation humaine

Mis à part en période de canicule ou de disette, les animaux sont mis à l’herbe et nourris d’une alimentation non concurrentielle à l’Homme. En effet, les ruminants disposent d’enzymes capable de dégrader la cellulose et convertissent ces aliments indigestes pour l’Homme en nutriments comestibles par l’Homme à travers leurs protéines animales, essentielles à l’alimentation humaine (vitamine B12 non synthétisable par l’Homme et exclusivement présente dans l’alimentation carnée ou laitière ; vitamine B12 carencé entraîne des conséquences neurologiques qui doivent être compensées par une prise régulière de compléments alimentaires sous forme de pharmacopée). Au total, c’est 86% de l’alimentation bovine qui n’est pas consommable par l’Etre humain. Les 14% de protéines végétales comestibles par nos deux espèces seraient largement compenser par les protéines animales produites par ces mêmes animaux


  • Hautement consommatrice de ressources hydriques : selon certaines sources, les vaches consommeraient 15 415 litres d’eau pour produire 1kg de viande & 1 000 litres d’eau pour produire 1l de lait. Or, ces données fortement orientées et décontextualisées proviennent d’études américaines avec des élevages hors-sol qui concentrent des milliers d’animaux bodybuildés sur des espaces restreints. De plus, ces études additionnent sournoisement l’eau réellement abreuvée, l’eau servant à nettoyer les espaces pour des raisons hygiéniques et de bien-être animal et l’eau capté à travers les aliments. C’est comme si nous comptabilisons dans notre rapport journalier de consommation : l’eau déglutit, l’eau servant à notre vaisselle, à notre douche, à notre ménage, à nos loisirs & l’eau que l’on retrouve dans nos aliments (fruits, légumes, féculents, viandes, poissons, etc.).

Dans la réalité, l’empreinte eau des produits carnés et laitiers serait de 50-70 litres d’eau pour 1kg de viande et 5-10 litres d’eau pour 1l de lait (Gac & Bechu, 2014)


  • Génératrice de souffrance animale : la mort est liée à la vie. Bien que nous recherchions ces dernières années à trouver la fontaine de Jouvence pour y échapper, nous avons la fâcheuse tendance à projeter nos problèmes existentiels sur nos animaux de compagnie et pour certains à l’ensemble de la faune. C’est ainsi que la souffrance animale est au cœur de nos préoccupations et objet de fétichisme de certains mouvements politiques et philosophiques.

Néanmoins, les éleveurs ont saisi leur intérêt de bien s’occuper de leurs animaux car un animal bien portant et moins stressé est un animal qui se blesse moins, est moins souvent malade, donne du bon lait et donne une viande plus tendre. Le bien-être animal est donc chez nos éleveurs au centre de leurs préoccupations, contrairement à ce que nous laisseraient penser certains activistes d’association puisque leur cheptel est leur gagne-pain.


Ainsi, arrêtons les fantasmes et l’hystérie qui électrisent les débats. Ces articles, rédigés pour créer du buzz et donc du clic, sont des coups pour le monde et de , pour l’essentiel bovin qui concentre les attaques. La filière est déjà déficitaire et nous manquons de certains produits sur quelques périodes de l’année. Les années à venir, avec les départs à la retraite des baby-boomers, seront critiques . Le message envoyé n’est donc pas le bon puisqu’imprécis et jugeur, notamment dans une période de crise internationale et de quête de souveraineté alimentaire.


Enfin, ce qui me paraît intéressant dans la profusion des articles, ce n’est pas tant les arguments ou les données chiffrées empruntés mais bien le paradigme intellectuel sous-tendu et les solutions proposées. Quelques jours avant la parution du rapport de la Cour des comptes un reportage paraît sur M6 ventant les mérites de la FoodTech et sa nourriture in vitro, hors-sol. Des apprentis-sorciers aimeraient que nous consommions de la viande élevée en laboratoire à partir de cellules musculaires prélevées, clonées et cultivées sur boîte de culture. Pire encore que ce clonage en laboratoire, certains consommateurs vantent les mérites des « steak » végétaux ou des faux-mages issus de laboratoires et d’industries en vogue. Or, ces produits nouvellement inventés sont des produits ultra-transformés contenant pour la plupart une vingtaine d’ingrédients . Prenons l’exemple d’un « steak » végétal, dont voici la liste des ingrédients additionnés pour obtenir un « steak » imitant le profil sensoriel d’une viande traditionnelle : protéines de soja et de blé réhydratées, eau, huiles végétales (tournesol, colza), oignon, amidon de maïs, stabilisants E461, E407; sel, maltodextrine, extrait de levure, arômes, oignon en poudre, ail en poudre, extrait de malt d'orge, caramel, maltodextrine fumée, épices, acidifiant : E330. Décryptons cette liste d’ingrédients :

  • Maïs, tournesol et colza sont des céréales consommatrice d'eau

  • E461 ou méthylcellulose, épaississant extrait du bois, du coton ou d’autres matières riches en cellulose. Non digéré par notre organisme par manque d’enzyme, le méthylcellulose peut provoquer à haute dose des ballonnements importants, des diarrhées, des obstructions intestinales ou autres désagréments intestinaux

  • E407 ou carraghénane, épaississant ou gélifiant obtenu à partir d’algues rouges. Des études ont montré un lien entre les carraghénanes dégradés et le développement du cancer du côlon ou le déclenchement voire l’amplification des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin.

  • Maltodextrine, issu de l’hydrolyse de l’amidon de blé, du maïs ou de fécule de pomme de terre par des enzymes spécifiques, agit comme agent de texture et de conservation. La consommation de maltodextrine entraînerait, selon des sources scientifiques, des effets néfastes sur le microbiote intestinal et favoriserait la croissance de mauvaises bactéries dans l’intestin (du genre Salmonella)

  • E330 ou acide citrique est un régulateur d’acidité et un antioxydant qui empêche le brunissement naturel des aliments. Produit par un champignon (Aspergillus niger) mis en culture sur une solution nutritive sucrée, il pourrait présenter des mycotoxines responsable de dommages causés aux dents des enfants


SVP, chers consommateurs, renseignez-vous ou retournez simplement les étiquettes de vos produits ultra-transformés avant de porter des jugements puis interrogez-vous : quel monde souhaitez-vous ? Désirez-vous consommer une viande qui n’a pas vraiment vécu ? Une alimentation désincarnée produite dans un laboratoire carrelé et aseptisé sur une boîte de pétri ou dans une usine ?


Personnellement, je fais le choix, en pleine conscience et sans hypocrisie, d’une nourriture incarnée, la plus simple qu’il soit, dont je trace l’origine et j’essaye de limiter dans ma consommation des produits manufacturés ultra-transformés pour modérer l’impact de ces compléments alimentaires sur mon organisme.


Enfin, le plus intéressant dans toute cette argumentation est l’énergie et la violence déployée pour intimider et censurer. J’en fus victime et j’ai dû renoncer à un précédent post avec le souci de protéger mes collègues de travail. Aujourd’hui, je fais le choix de revendiquer ma liberté de penser et d’exprimer mes convictions.

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